Au-delà de la haute vallée de Chevreuse, l’ouest de l’Île-de-France se caractérise par un bâti de qualité, marqué par les grandes fermes aux volumes majestueux, mais aussi par de belles maisons rurales, la plupart du temps édifiées en pierre meulière, que l’on trouve abondamment dans les sols yvelinois.
Le pays d’Yveline (également et plus souvent désigné sous le toponyme plus récent « vallée de Chevreuse ») s’étend, selon les sources historiques — et au gré des changements administratifs — entre le pays Mantois (Mantes-la-Jolie) au nord, l’Hurepoix (Dourdan) à l’est, la Beauce au sud et les lisières ouest du massif forestier de Rambouillet. Son sous-sol, typique de la géologie du bassin parisien, se caractérise par des alternances d’affleurements de grès, des couches de sables fins dits « de Fontainebleau » entremêlées de poches de sables grossiers dits « de Lozère » sur les versants, des argiles à silex dans les fonds de vallée, et surtout une couche d’argiles à meulières, dites de « Montmorency » facilement exploitable.
Un matériau de construction de premier ordre
Cette roche, ainsi nommée parce que ses caractéristiques mécaniques la rendent idéale pour la fabrication de meules, est issue de la lente transformation de roches calcaires situées au fond de lacs en masses siliceuses irrégulières, homogènes (meulière compacte) ou alvéolaires. La pierre ainsi formée s’avère également être un matériau de construction de premier ordre. Elle est en effet parfaitement étanche à l’eau de pluie, tout en restant poreuse, ce qui lui confère de bonnes qualités d’isolation sonore et thermique — c’est notamment le cas de la meulière alvéolaire. La meulière possède également une excellente résistance mécanique, illustrée par son emploi généralisé dans la construction des corps de fermes massifs, caractéristiques des plaines et plateaux de l’ouest de la région parisienne.
Un style architectural marqué par l’Art nouveau
Ce sont bien ces matériaux locaux que l’on retrouve dans les constructions rurales des Yvelines. On peut ainsi admirer, plutôt dans la partie nord de la haute vallée de Chevreuse, des maisons dont les murs sont constitués d’une association de pierre meulière et de silex jointoyés par rocaillage (joint à la chaux mêlée de fragments de meulière, de silex, de grès et de mâchefer), assortis de blocs de grès à certains endroits stratégiques tels que les soubassements, les chaînages d’angles ou les encadrements d’ouvertures.
Si, au sud de la région — notamment vers Rochefort-en-Yvelines —, c’est plutôt le grès qui domine historiquement, la construction des villas de villégiatures à partir du 19e siècle a cependant été marquée par une utilisation massive de la meulière, qui se voit alors agrémentée d’ornements en brique ou de faïences pour égayer un style architectural inspiré par l’Art nouveau. Un succès tel que ce style a largement essaimé dans quasiment tout le bassin parisien, pour habiller, isoler et pérenniser aussi bien les grandes villas de villégiature des Parisiens aisés que les modestes pavillons de banlieue.