Entre forêt et plaine, aux confins de Clairefontaine-en-Yvelines, au bout d’une petite route sinueuse qui serpente entre l’Espace Rambouillet et le domaine de Saint-Rémy des Landes, se niche un petit paradis maraîcher : Grand Jardin. Romain y dessine ce que pourrait être une agriculture de demain : bio, sobre, belle. Mais aussi extensive, productive, et qualitative.
De la route, on n’aperçoit, à travers la haie bocagère qui borde la propriété, que quelques bâtiments avenants, et une grande étendue de ce qui ressemble bien à une exploitation maraîchère. Le portail ouvert incite à en savoir plus, et l’entrée dans le « Grand Jardin » confirme la chose : nous sommes bien sur un domaine agricole. De longues parcelles de terre travaillée où, en ce mois de juin, poussent diverses plantes, tiges et feuilles, comme autant de promesses de légumes et de fruits à venir. Un discret système d’irrigation « goutte-à-goutte », qui indique qu’ici, on fait attention à tout : tout est ressource, mais toute ressource est jalousement protégée.
De belles serres en arc de cercle témoignent également qu’en ces temps climatiquement troublés, une agriculture qui se respecte et qui respecte son environnement ne peut pas se passer de ce que le progrès technique a pu offrir au fil des siècles.
Mieux qu’un long discours, une démonstration concrète
Les mains noires de cette belle terre amendée par quelques générations de chevaux qui y ont pâturé pendant des années, Romain Viennois n’hésite pas à abandonner ses travaux en cours pour expliquer, partager, faire découvrir son domaine, qu’il a conçu pour être plus parlant qu’un long discours, plus explicite qu’un beau rapport. L’espace Grand Jardin se veut en effet la démonstration concrète, palpable, réaliste, d’un avenir agricole en phase avec le défi climatique et environnemental.
Après quelques années à gérer une chaîne d’hôtellerie, qui lui a fait prendre conscience des dangers du tourisme de masse, et sous la pression affectueuse de sa petite famille qui rêve de lendemains enchantés, Romain a pris à bras le corps son avenir – et le nôtre par la même occasion, ou en partie du moins –, et s’est lancé dans une formation agricole pour apprendre les bases.
Pour le reste, il fait appel au bon sens et à l’intelligence : ce que les livres et les professeurs ne peuvent pas nous apprendre, l’expérience s’en chargera. C’est ainsi que Grand Jardin devient un lieu d’expérimentation d’une agriculture que l’on nomme « régénérative » : une agriculture qui cherche à produire plus en quantité et en qualité, mais aussi à économiser la ressource, à améliorer la biodiversité, la résilience des sols et la séquestration du carbone.
Produire plus et mieux, c’est possible !
Grand Jardin est donc, tout simplement, tout naturellement, une exploitation agricole qui produit de la nourriture de qualité sans épuiser les ressources. Un eden maraîcher, en quelques sortes, où salades, courgettes, fraises, tomates, haricots, croissent paisiblement, sans intrants, mais pas sans travail. Romain et son ouvrier Bernard ne chôment pas, en effet, mais ils n’ont pas non plus le sentiment de s’épuiser à une tâche ingrate. Non, vraiment, ils ne se sentent pas exploités par leur exploitation. Ils se voient plutôt comme des paysans qui accompagnent le travail de la nature dans leurs carrés potagers, les mains dans une terre fraîche et tendre, sans crainte de s’empoisonner ni d’empoisonner leurs contemporains.
Toute la production de Grand Jardin est récoltée le matin et vendue sur place ou sous forme de paniers de légumes distribués à Paris et Neuilly-sur-Seine. Outre cette activité agricole, et fort d’un cadre de vie exceptionnel, Romain propose également un accueil de tourisme dans son gîte et des espaces de travail. Et le week-end, pour partager sa passion et sensibiliser aux enjeux de l’agriculture, il tient « ferme ouverte » et propose ateliers et sorties natures à thèmes.
Le tout au cœur de la vallée de Chevreuse, qui fait de la qualité de la vie une réponse positive aux questions posées par un avenir incertain.